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Jamais personne ne pouvait être sûr si Kaufman était sérieux ou s'il ne s'agissait que d'une plaisanterie excentrique de sa part. « Je veux créer uniquement mes propres sujets, » déclare Kaufman pour refuser, au début, le rôle de l'immigrant Latka dans le sitcom Taxi alorsque c'est celui qui lui a finalement assuré le plus de popularité. Avec ses facéties et ses plaisanteries ordinaires, il crée son propre monde non seulement sur les plateaux de télévision et devant la caméra, mais également dans la vie réelle.

Mais les spectateurs, ainsi que les proches d'Andy, se perdent souvent dans ce monde, y compris sa petite amie, la catcheuse Lynne dont il est tombé amoureux au cours de son Wrestling show. Une fois, il chante des cantiques de Noël pour enfants devant le public d'une discothèque qui s'attend à des plaisanteries vulgaires. Une autre fois, il fait la lecture de Gatsby le Magnifique devant les visiteurs d'un auditorium universitaire qui sont venus voir des sketchs du sitcom Taxi. Ou encore, il invite son agent au spectacle d'un chanteur vulgaire qui chante dans les bars, Tony Clifton, pour lui dévoiler plus tard dans les coulisses que Clifton est son alter ego, et qu'il doit le faire entrer à la télévision.

Pour amuser le public, Andy serait capable de faire croire à sa propre mort ou de mettre le feu à un théâtre. À chaque fois qu'on a l'impression d'avoir réussi à le comprendre un peu, il arrive avec une nouvelle identité ou joue au spectateur de nouveaux mauvais‑tours choquants. Andy comprend qu'il s'agit d'une imposture de même nature que ses spectacles quand il se rend chez un chaman aux Philippines pour se faire opérer sans scalpel. Bien qu'il perde ainsi son dernier espoir de guérison, il avoue que cette mystification était brillante.

Ce film biographique peu conventionnel suit la carrière de Kaufman de ses débuts dans des clubs divers jusqu'au succès mémorable de son propre spectacle dans la Carnegie Hall. Sous nos yeux, l'insaisissable Kaufman devient une star du show‑business américain bien qu'il persiste avec acharnement dans un comique malhabile, obscur et politiquement tout à fait incorrect. Le film de Forman est un hommage à l'humour de Kaufman qui met en cause tout ce qui est sérieux, bête et prévisible, et déclenche des  fous-rires, qui procurent pourtant   parfois des frissons dans le dos.

• « En 1975, Bob Henry m'a emmené à un show à Los Angeles. Sur le podium défilaient des comiques et des débutants qui tentaient leur chance. Et cet homme, Andy Kaufman, est apparu sur le podium. Il était tout à fait méconnu à l'époque. J’ai cru mourir de rire mais je ne savais pas précisément de quoi je riais. C'était une des expériences les plus étranges de ma vie. C'était tellement curieux que j’ai commencé à m'intéresser à sa carrière. Vingt ans plus tard, j’ai rencontré Danny (Danny de Vito) à la fête d'anniversaire de Michael Douglas. Nous avons parlé ensemble d'Andy, il m’a raconté des histoires et je lui ai dit : « Et si on faisait un film sur lui ? » Il a aimé mon idée et c'est ainsi que tout a commencé. »
• « Je n'arrivais pas à comprendre qui était le vrai Andy Kaufman et c'est pourquoi j'ai commencé à réfléchir à un film sur sa vie. »
• « J'avais pensé à Jim Carrey dès le début, mais je n'osais pas l'engager à l'aveuglette. J'ai donc annoncé que ceux qui étaient intéressés par ce rôle devaient m'envoyer un enregistrement de leur propre version d'Andy Kaufman. C'est Jim Carrey qui nous a envoyé le meilleur échantillon. Il avait disséqué à l'évidence tous les spots de télévision et les enregistrements historiques parce qu'il a  parfaitement réussi  à imiter aussi bien la voix de Kaufman que ses mimiques et sa gestuelle. Il s'est complètement fondu dans le personnage, je lui ai donc promis le rôle tout de suite. »
• « Je peux dire sans exagérer que je n'ai jamais travaillé avec Jim Carrey. C'est Andy Kaufman ou Tony Clifton ou Latka ou Elvis ou bien encore l'étranger qui, tous les matins, descendait de la voiture. Je le soupçonne de s'être réveillé le matin dans la peau d'un personnage donné et de s'être couché de la même façon le soir. Je pense qu'il a beaucoup contribué à l'authenticité de tous les personnages dans le film. »
• « Quand vous travaillez avec des gens bien et que vous vous entendez bien avec eux, il serait stupide de ne pas retravailler avec eux. Dans le film, il y avait cinq personnes de Vol au-dessus d'un nid de coucou : Danny DeVito, Vincent Schiavelli, Christopher Lloyd, Sydney Lassick et Marya Small. Une telle amitié se transforme toujours en quelque chose de bien à l'écran. »
• « J'aime Courtney tout court. C'est une fille très talentueuse. Tout ce qu'elle dit ou ce qu'elle fait respire la vérité... »
• « Nous avions autour de nous beaucoup de gens pour lesquels le film était une affaire de cœur. Lynne Martoulis évidemment, la petite amie d'Andy Kaufman, George Shapiro, son manager, Howard Wet, un autre manager, Bob Zmuda, son meilleur ami et collaborateur. Toute l'équipe de Taxi. Quand ils se sont retrouvés après de longues années et quand ils sont arrivés dans les coulisses de Taxi qu'ils n'avaient pas vues depuis longtemps, Marilu Henner et Carol Kane étaient au bord des larmes. »
• « Scott Alexander et  Larry Karazewski sont des scénaristes de grand talent. Ils ont le sens des dialogues et de l'esprit américain. Je les admire pour avoir fouillé dans des tonnes de documents. Je dis bien des tonnes. Ils ont tout parcouru, créé une construction dramatique et ainsi beaucoup contribué au film. »
• « Jimmy est ressorti de sa caravane tel l'alter ego arrogant et vulgaire de Kaufman et du coup toute l'équipe s'est ratatinée. À midi, il a fait irruption dans la cantine de Paramount où nous étions en train de filmer et il s'est dirigé tout droit vers la table des plus hauts chefs : « Salut tout le monde ! Ça va ? Je suis Tony Clifton ! »  Il a serré la main et donné des tapes dans le dos de tout le monde et il est reparti  aussi sec mais il a laissé derrière lui une odeur affreuse et épouvantable – c'est que Jimmy s'était enduit les mains d'un fromage puant dans le couloir. »
• « J'aime engager des gens réels parce que ça apporte de l'excitation. Les cinéastes sont des professionnels, ils ne se laissent que rarement déconcerter, ils se concentrent sur  leur travail, mais cette fois‑ci ça a été différent.

  « C'est vraiment le manager d'Andy ? »
  « Oui. »
  « Et il joue le propriétaire du club ? »
  « Oui. »
  Tout le monde demandait : « C'est sérieux ? »
  « Et la petite fille du début du film, c'est bien la petite fille d'Andy Kaufman ? C'est sérieux ? »
  « Oui. »
  Ça donne du suspense. »

• « Je serais content si le film faisait la même impression sur les gens que le faisait Andy. S'il allait les faire rire ou non ne le préoccupait pas. Lui tenait à cœur de ne pas les laisser indifférents, de provoquer en eux des émotions. Peu lui importait si les gens l'applaudissaient, le sifflaient, lui lançaient des tomates, le vénéraient... Ça lui était égal, tant qu'il réussissait à provoquer des émotions. »